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ment dans les mêmes conditions de besoin que le camelot et que Mlle Nana.

L’évidence de mon assertion avoisine la puérilité. Quand vous voyez deux personnes inconnues, l’une barboter dans la rivière et se noyer, l’autre, sur la berge, cheminer d’un pas assuré, vous ne dites pas : cette personne qui marche si solidement ne se noierait pas ! Vous n’en savez rien ; vous constatez simplement deux situations différentes.

Pourquoi, lorsque vous voyez Mme Prudhomme coudoyer Nana, déclarer que la première est vertueuse ? La vertu c’est de ne pas se noyer. La dame n’a jamais barboté dans la misère, vous ne savez pas si elle surnagerait.

De même, il n’y a aucune honnêteté pour le capitaliste à ne pas chiper une boîte de sardines à l’étalage de Potin. Évidemment ce n’est pas répréhensible d’être garanti du besoin, mais ce n’est pas méritoire non plus. Disons que c’est neutre.

Et la vertu c’est de l’action, que diable ! Et je ne connais pas d’invention plus intensément comique au monde qu’un jury d’honneur composé de messieurs bien nés, bien élevés, bien pourvus.

Hum ! Il n’est peut-être pas tout à fait neutre, qu’une servante de sainte Catherine comme moi tranche si intelligemment de la vertu !

5 février. — J’en étais sûre ! Je passe mon temps à confronter les leçons et la matière enfantine : voyons si « ça colle »…

Impossible de faire autrement ; j’ai beau avoir