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Petit papa, c’est aujourd’hui ta fête…
J’avais des fleurs pour couronner ta tête…

Quant à moi, l’émotion concentre ma force d’observation sur les laideurs. Quelle lamentable espèce d’enfants ! J’en compte çà et là une quantité, filles, garçons, grands, petits, moyens, qui, sans erreur possible, — ont le visage modelé par les coups. En a-t-il fallu des brutalités depuis leur naissance ! Car la chair reprend sa forme après une torgnole, le sourire renaît après les pleurs. En a-t-il fallu des réitérations pour que des coins de visage restent de travers, pour que les joues gardent l’air giflé, pour que l’apparence de renifler des larmes s’installe définitivement, même quand l’enfant rit !

Mais il y a pis que les déformations accidentelles ! Cette enfance pèche par mille stigmates de dégénérescence. Voici la petite Doré atteinte de strabisme et vingt autres, victimes de la même hérédité alcoolique. Quand ce ne sont pas les yeux, ce sont les hanches qui chavirent : nous possédons toute une collection de coxalgies ; nous recélons trois boiteux, sans compter Vidal, le bossu ; quant aux rachitiques, aux noués, aux scrofuleux, on ne les distingue même pas : autant prendre l’effectif entier, à un degré près.

Les ressemblances d’animaux ne se doivent pas dédaigner : beaucoup d’enfants émules de Richard offrent des faces de singes, vieilles à grandes rides, et leur gaieté plisse toujours péniblement. Nous foisonnons en têtes de poissons, à bouches molles, en félins à nez aplatis, en boucs, en crânes plats de