Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/170

Cette page a été validée par deux contributeurs.

» Alors, Mistigris fait semblant d’avoir entendu du bruit dans la maison ; il se dérange tout doucement et se pose, tournant le dos à l’arbre. »

Je n’essaierai pas de restituer par des mots la beauté haute, électrisante, de la normalienne, auteur de ce récit.

Je ne peux pas dire non plus toutes les émotions des deux classes.

Seulement ceci :

À l’endroit où le chat croque les petits, plusieurs mioches se sont vite serrés l’un contre l’autre et sont demeurés recroquevillés, conscients d’être bons à manger, eux aussi. Une fillette a entouré sa sœur jumelle de son bras, et ses yeux noirs, bougeurs, scintillaient comme des diamants au soleil. Un tout petit a lancé les mains en avant :

— Rose, prends-moi !

Enfin, à ce passage : « Cette bonne mésange, ses petits lui ont été rendus… Mistigris a regardé le nid renaître… » là, un nouveau de la grande classe, dont je ne sais pas le nom, s’est dressé frémissant, menaçant, les yeux retournés, brute altérée de justice :

— Je veux pas qu’il les remange !

Tel fut son accent sauvage, tel fut son coup de mâchoire aveugle, que j’ai compris l’exactitude de symboliser le peuple par un lion très noble et très massif.