auprès de sa maîtresse, la mère mésange était là dans l’arbre qui l’attendait et qui commençait aussitôt sa plainte déchirante, incessante et toujours pareille : « Cuî, cuî, rends-moi mes petits, rends-moi mes petits ! »
» Mistigris l’écoutait, la tête fixe.
» Puis, le mâle arrivait.
» Mais Mistigris s’en allait dès qu’il le voyait voler en rond et s’approcher.
» Enfin, Mistigris n’eut plus le courage de se poser sur le perron. Il descendait les cinq marches, apercevait la mésange dans l’arbre et s’en retournait…
» Cette bonne mésange, ses petits lui ont été rendus ; le nid est refait ; le nid est habité.
» Mistigris a regardé le nid renaître, du haut du perron et un jour il a compris qu’il était pardonné. Il revient s’asseoir à sa place ordinaire sur la dernière marche, auprès de la vieille dame qui fait de la tapisserie.
» La mère mésange ne se plaint plus ; on voit sa tête qui sort du nid. Elle et Mistigris restent des heures à se regarder, sans crainte, sans méchanceté. Mistigris, devenu très sage, songe profondément. Il songe qu’une maman de mésange est plus forte qu’un chat armé de ses griffes et de ses crocs ; il songe à cette chose qui torture les chats mangeurs d’oiseaux, il songe à cette chose qui fait renaître les petits oiseaux mangés.
» De temps en temps, le mâle apporte la becquée. La mère se lève, les petits becs s’agitent dans le nid.