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Je sais que Mademoiselle illustrera son récit de dessins au tableau noir, merveilleux instantanés, faits de simples lignes ; je profiterai des pauses pour répéter les données principales à mes mioches. Ils placent les mains sur les genoux et lèvent le nez ; les uns bayent d’attention, d’autres rentrent leur lèvre inférieure et avancent leurs dents du haut à la moitié de leur menton ; des filles pincent un petit bec pointu.

« La Mésange, » je veux l’écrire d’un souvenir exact, parce que j’ai entendu la normalienne affirmer à Mme Galant que c’était une relation vraie, où pas un détail n’était inventé. (Notre délégué cantonal l’aurait écoutée une fois avec la plus vive émotion. Un bon point, monsieur ! Vous serez un excellent père.)

» Une vieille dame habitait à la campagne avec son chat nommé Mistigris. La maison était blanche avec un toit rouge, on y entrait par un perron, c’est-à-dire un escalier de pierre, comme celui de l’école, qui avait cinq marches et une rampe en fer.

» Le jardin, devant la maison, était entouré d’un mur blanc, au-dessus duquel on pouvait passer la tête et il était tout plein de soleil, parce que les poiriers, les pruniers et les cerisiers n’étaient guère plus hauts que le mur ; mais, en face du perron, il y avait un très gros marronnier, plus grand que celui de notre cour, qui donnait un bel ombrage sur la maison. Les arbres à fruits étaient placés sur deux rangs et, entre eux, on voyait une corbeille de