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maîtresse, dans son bureau, grosse, bonne, avec une accentuation posée, pénétrante, des gestes sûrs et réglementaires ; elle dit : Écoutez bien cette histoire : « La chambre de Louise », et son jeu de physionomie friand fait ouvrir les yeux, les becs et les âmes.

« Huit heures sonnent à l’horloge ; Louise va partir à l’école. Elle va chercher son panier dans sa chambre. À la bonne heure ; voilà une chambre dans un ordre parfait. Rien ne traîne sur les meubles. Les chaises sont à leur place. Le petit lit blanc est admirablement fait. On aperçoit des pantoufles bleues dessous. Les effets de nuit sont soigneusement pliés. Tous les jouets sont rangés avec goût dans une armoire. La poupée et le trousseau sont dans un tiroir. C’est que Louise a beaucoup d’ordre et de soin. Jamais elle n’égare son mouchoir, ni ses rubans. C’est une grande qualité que l’ordre et tous les enfants devraient ressembler à Louise. Dans une maison, il faut une place pour chaque chose et chaque chose à sa place. »

Je ris tout haut !… La veuve Fumet, obligée d’attendre pour se coucher que ses enfants soient partis. Ah, ah, ah ! Gabrielle toute ratatinée, à qui sa mère doit recommander de ne pas grandir, pour laisser un peu de place ; cette pauvrette moribonde, le cou tendu, le bec ouvert, recevant la pâtée morale de Mme Galant !

Ma maison plonge enfin dans le silence. La femme a dû finir d’accoucher ou de mourir.

Délimitons l’importance des choses. Évidemment,