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quante à l’heure. Mais voilà un cent pas fini, je l’ai commencé vers cinq heures.

Je reste là, je bredouille une consolation : elle se sera trompée d’heure.

La petite Gabrielle se glisse devant moi et grimpe sur le lit.

— Déchausse-toi, au moins, dit la mère toujours pleurante ; elle continue, de mon côté :

— Je suis veuve, il faut pourtant que j’arrive à gagner mes trente sous pour nous quatre. Et vous voyez, quand je suis levée, il faut que les enfants soient sur le lit, je ne me couche que lorsqu’ils sont partis. Je sors sur le carré pour qu’ils se préparent ; il n’y a pas de place par terre pour nous quatre ensemble.

Brusquement, elle s’effare :

— Eh, mais ! je suis là, mon aiguille arrêtée !

Elle s’est accordée la récréation, le luxe de pleurer !

Une voix d’enfant vieille et sentencieuse s’échappe du lit :

— Oui, tes yeux vont se brouiller, tu vas bousiller et tu auras encore « du refusé ».

Je me suis esquivée, en me demandant quel salaire fantastique pouvait toucher celui ou celle qui assumait ce métier terrifiant de refuser de l’ouvrage fait à la veuve Fumet ! Je ne l’ai pas dépeinte, elle… parce qu’il faudrait des mots trop livides : mon sang se retire, je me trouverais mal.

Voici pourquoi j’ai ri tout à l’heure. Gabrielle Fumet est une élève de Mme Galant et j’évoque cette