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lésé, vous voyez le danger ! Madame ne peut rester complètement illettrée, elle a des dispositions et de l’intelligence, il faut qu’elle monte chez moi, le soir, après dîner, prendre quelques leçons.

J’ignore, déclare Mme Paulin, si la culture a bien marché, mais, un fait certain, c’est que Virginie est née un an après. Et cette gamine-là, elle a bien hérité de la coquetterie de sa mère, mais je vous promets aussi qu’elle en a de la rouerie d’inspecteur ! Moi, à la regarder faire la sainte nitouche, je reconnais le miel de ces messieurs fonctionnaires qui sont tout indulgence et justice et bonhomie par devant vous et qui vous flanquent des rapports salement traîtres au derrière. Je ne dis pas qu’ils sont tous taillés dans le même drap, ces gros messieurs, mais j’ai vingt ans d’école et je sais ce que je sais…

Revenons au portrait actuel. Virginie hésite à se frotter aux garçons de sa classe qui sont trop grands et surtout elle ne peut pas leur imposer ses complaisances ; mais alors, comble de la ruse, elle leur demande service.

Une fois, elle s’était rencontrée dans le coin du lavabo avec Bonvalot : celui-ci attiré par un gamin qui suçait un bout de sucre d’orge ; elle-même alléchée par le susdit gamin qui laissait voir un coin de sa chemise. Empêchée, elle a sollicité Bonvalot :

— Boutonne-moi mon tablier.

— Voilà.

Je lavais les éponges des tableaux noirs. J’ai