a grande crise qui vient de fondre sur l’Europe, et notamment sur la France, ne changera en rien l’inclinaison de
ces modestes souvenirs. Mais il me paraît que ce titre, l’Entre-deux-guerres, caractérise bien la morne période qui va de 1890
à 1904, de l’échec du boulangisme à la fin de la ligue de la Patrie française. Nous sommes à vingt ans de distance du
désastre de 70-71. La France jouit d’une prospérité et d’une
paix apparentes, qui recouvrent un fond général d’anarchie et
de somnolence dans les esprits. Le sens politique paraît complètement obnubilé chez la plupart de nos compatriotes. La
chose publique est la proie des plus médiocres, des plus brouillons, des plus cupides. Le roman naturaliste, le théâtre naturaliste, la rédaction symbolique ou blafardement idéaliste des
petites revues ou des cénacles, remplissent de leurs sottes
querelles le monde et la ville. Zola trône et pontifie sur son
fumier. Il va publier la Débâcle, produit de sa lâcheté naturelle
et de sa haine de l’uniforme. Mon père et Goncourt, qui maintenant le connaissent à fond, s’écartent de lui silencieusement,
mais, en raison d’une amitié ancienne et trop scrupuleuse,
évitent de se prononcer sur son compte. Lui cherche et flaire
de son nez bifide, en zézayant, l’occasion unique, « la puiffante secouffe publique, mon bon ami », qui lui permettra de jouer
les Hugo à la fange, de vaticiner à la guernesiaise du haut de