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CHAPITRE PREMIER


Préambule. — Le temps de l’anarchie sentimentale.
L’ennemi des lois : Ravachol, Émile Henry, Vaillant, Caserio.
La terreur à Paris. — Le Président Carnot. — Barrès. — Schwob.
Claudel. — Jules Renard. — Georges Hugo.



La grande crise qui vient de fondre sur l’Europe, et notamment sur la France, ne changera en rien l’inclinaison de ces modestes souvenirs. Mais il me paraît que ce titre, l’Entre-deux-guerres, caractérise bien la morne période qui va de 1890 à 1904, de l’échec du boulangisme à la fin de la ligue de la Patrie française. Nous sommes à vingt ans de distance du désastre de 70-71. La France jouit d’une prospérité et d’une paix apparentes, qui recouvrent un fond général d’anarchie et de somnolence dans les esprits. Le sens politique paraît complètement obnubilé chez la plupart de nos compatriotes. La chose publique est la proie des plus médiocres, des plus brouillons, des plus cupides. Le roman naturaliste, le théâtre naturaliste, la rédaction symbolique ou blafardement idéaliste des petites revues ou des cénacles, remplissent de leurs sottes querelles le monde et la ville. Zola trône et pontifie sur son fumier. Il va publier la Débâcle, produit de sa lâcheté naturelle et de sa haine de l’uniforme. Mon père et Goncourt, qui maintenant le connaissent à fond, s’écartent de lui silencieusement, mais, en raison d’une amitié ancienne et trop scrupuleuse, évitent de se prononcer sur son compte. Lui cherche et flaire de son nez bifide, en zézayant, l’occasion unique, « la puiffante secouffe publique, mon bon ami », qui lui permettra de jouer les Hugo à la fange, de vaticiner à la guernesiaise du haut de