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LE STUPIDE XIXe SIÈCLE.

fîère et la moyenne bourgeoisie. Les guerres interminables de l’Empire avaient fauché, presque aussitôt, les éléments jeunes et enthousiastes. Ce qui restait se jeta avidement sur ce mouvement romantique, qui avait les apparences du génie et de la nouveauté, sans avoir la réalité du génie, qui est la supériorité et la clarté du jugement. De même, la morphine se propage d’abord dans les éléments épuisés ou débilités, de cette zone de gens, fort nombreuse, qui hésitent entre la santé et la maladie. Je considère Hugo et Michelet comme deux pervertisseurs d’intelligences, d’une nocivité presque égale à celle de Rousseau ; et, encore une fois, la torrentielle splendeur de leur forme n’est pas pour me les faire absoudre de leur dangereuse insanité.

À moins qu’il ne soit admis, comme chez les thuriféraires à tout prix de Bonaparte, que l’on ne paie jamais trop cher des dons surprenants, ce qui est encore une conception romantique et très XIXe siècle. Mais, de même que Bonaparte prétendait faire le bonheur du peuple français, en le maintenant en état de guerre et de tueries perpétuelles, de même Hugo et Michelet prétendaient faire le bonheur de l’humanité, à l’aide de méthodes intellectuelles (par renversement du sens commun) dont il est démontré aujourd’hui qu’elles mettent le feu à l’univers, aussi sûrement qu’un grand conquérant, et qu’elles conduisent les individus, comme les peuples, à l’abêtissement, au malheur et au suicide.

Chez les disciples de Hugo, par exemple chez