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LE STUPIDE XIXe SIÈCLE.

François Buloz pour la Revue des Deux Mondes, un Villemesant pour le Figaro, un Bunau Varilla pour le Matin. Ceux qui se résument dans la personnalité directoriale d’un politique, d’un agitateur d’idées, d’un polémiste, d’un Hugo (Rappel), d’un Veuillot (Univers), d’un Gambetta (République Française), d’un Rochefort (Intransigeant) d’un Drumont (Libre Parole), d’une Mme  Edmond Adam (Nouvelle Revue). Les ressources financières, évidemment plus puissantes pour la première catégorie que pour la seconde, donnent à celle-là une diffusion supérieure que compense, pour celle-ci, une participation plus directe aux combats de plumes.

Il y aurait un ouvrage intéressant à écrire sur les réactions réciproques de l’esprit public, des assemblées et de la presse, dans le domaine de la politique, pendant le cours du XIXe siècle. D’une façon générale, le niveau de ces trois pouvoirs fut et demeure assez bas, d’un côté comme de l’autre, en dépit de la bravoure intellectuelle (mais desservie par un style trop apprêté) d’un Veuillot, de la verve toute voltairienne d’un Rochefort, du génie psychologique et historique d’un Drumont. Je n’ai pas connu le premier, dont les œuvres sont aujourd’hui trop oubliées (ce qui prouve qu’elles manquaient de fortes racines dans l’humanité générale, et les romans de Veuillot sont médiocres, en effet), mais j’ai connu intimement Rochefort et Drumont et joui profondément de leur commerce. Le premier, éblouissant dans la conversation, d’un style rapide, frais, traditionnel et clair, sacrifiait