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LE STUPIDE XIXe SIÈCLE.

non seulement de ses principes, mais de son principe.

Car la République est à gauche, ne l’oublions pas. Elle n’est ni au centre, ni à droite. Son aiguillage est devenu ainsi, par une pente naturelle et normale, antimilitariste et antipatriote, et elle doit, périodiquement, se conformer à cet aiguillage. Il y a incompatibilité absolue entre les Droits de l’Homme et la discipline de l’autorité militaire. La guerre de 1914-1918 en a fourni la preuve saisissante. Sa durée a tenu moins aux tranchées qu’à la lutte sourde et chronique du préjugé républicain, représenté par les gouvernements antérieurs à celui de Clemenceau, contre les grands chefs militaires. Le politicien de gauche hait ou redoute, par définition, l’officier supérieur ; et l’officier supérieur s’imagine qu’il lui faut se concilier le politicien de gauche. La première chose qu’aurait dû faire le généralissime Joffre, au 3 août 1914, eût été de coffrer les traîtres Caillaux et Malvy. Sa victoire de la Marne eût clos la guerre, en tranchant tout l’espoir allemand. Au lieu que, Caillaux et Malvy restant les maîtres politiques du pays, malgré la victoire de la Marne, le gouvernement allemand se rassura et considéra que toutes ses chances n’étaient donc pas anéanties.

En dehors du parlement bourgeois, et où dominent les avocats (c’est-à-dire où est assurée la prédominance des mots sur les choses) en dehors du tâtonnement syndicaliste des ouvriers et des employés, quelle est donc la force, obscure mais résis-