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STUPIDITÉ DE L’ESPRIT POLITIQUE.

fait de l’incompréhension totale des meilleurs parmi nos amis, aussi bouchés dans leur opposition au syndicalisme professionnel que les républicains eux-mêmes. Seuls quelques royalistes et grands catholiques, à la suite du marquis de la Tour du Pin et du comte de Chambord, comprenaient l’importance primordiale d’un retour aux groupements corporatifs, la nécessité d’une extension du syndicalisme et le péril social d’une guerre aux syndicats.

Les conservateurs firent ainsi le jeu des républicains, qui se fichant du monde des travailleurs (et comment !) les représentaient à ce monde, facile à éblouir et à tromper, ainsi que des ennemis de classe et des ventres dorés égoïstes. Les grands chefs de la finance internationale virent, immédiatement, tout le parti qu’ils pouvaient tirer de ce terrible malentendu. Eux, les véritables ventres dorés de la société contemporaine, firent alliance avec les avocats et les meneurs du prolétariat et subventionnèrent la presse révolutionnaire, en même temps que, de tout le poids de leur influence, ils poussaient au pouvoir les dupeurs du peuple.

Meurtrier aux corporations et groupements provinciaux et professionnels (en raison de son individualisme et de sa centralisation révolutionnaire), le XIXe siècle a été, en France, l’âge d’or du parlementarisme de style anglo-saxon. Je pense que la vague d’anglomanie politique, qui suivit la défaite de Waterloo, comparable à la vague de germanophilie intellectuelle, qui suivit la défaite de Sedan, a été pour beaucoup dans la vogue de ce mode de