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STUPIDITÉ DE L’ESPRIT POLITIQUE.

ceux notamment du marquis de la Tour du Pin, ont montré le rôle bienfaisant dans l’architecture nationale, et les heureux résultats quant à la paix intérieure et quant au perfectionnement professionnel. La rupture révolutionnaire des corporations a créé le prolétariat, véritable servage démocratique, où la masse des travailleurs, ayant troqué ses droits et libertés réelles pour le dérisoire bulletin de vote au suffrage universel, se trouve transformée en machine à propulser des politiciens. Régulièrement ces politiciens, après s’être hissés sur les épaules des travailleurs, jusqu’aux sommets du pouvoir politique, rejettent et renient, une fois nantis, ceux auxquels ils doivent leur ascension et leur accession : c’est ainsi que le renégat ajoute à l’amertume de la catégorie sociale, dont il prétendait vouloir le bonheur et par qui il a fait sa fortune. Il est remarquable qu’après cinquante ans d’une mascarade aussi rudimentaire que scélérate, la masse ouvrière ne se soit pas encore avisée de l’énorme farce dont elle est la victime et continue à fabriquer, à la douzaine, des Viviani et des Briand, eux-mêmes captés, puis commandés, par les maîtres de l’or et de la Bourse. L’affaissement intellectuel de la classe ouvrière au XIXe siècle a égalé celui de la bourgeoisie, ce qui n’est pas peu dire.

Les syndicats ont été, vers la fin de ce même XIXe siècle, une résurrection bâtarde des corporations, sans l’ampleur et l’ingénieuse organisation de celles-ci, où employeurs et employés discutaient et débattaient leurs intérêts, à l’abri de toute ingérence