Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
62
LE STUPIDE XIXe SIÈCLE.

citoyen à subir. Mais quand donc le libéral a-t-il su répondre que le catholicisme enseigne, au contraire, à ne pas subir le mal, sous sa triple forme de l’ignorance, de l’oppression et du désordre ? N’est-il pas, ce catholicisme, le maître et le guide de cette émancipation intérieure, de cette liberté de détermination, qui est la seule liberté permise et concevable ici-bas, en ce qu’elle échappe à la chaîne des événements, comme au contrôle de la collectivité, comme à la tyrannie des tissus organiques ! Ce sont là vérités courantes, que la théologie enseignait, et qui, des couvents, au cours des âges, diffusaient à travers la culture française. Les clercs les transmettaient aux laïcs, qui les répandaient à leur tour. C’était cela, le cléricalisme, dont le seul nom est aujourd’hui encore, après cent trente ans d’abrutissement méthodique, un objet d’horreur et de terreur pour le libéral.

Nous pouvons, cette fois, jeter un regard d’ensemble sur cette obnubilation politique, d’où pleut le sang des hommes infortunés du XIXe siècle. Ce regard traversera les groupes sociaux, si nous divisons ceux-ci en ouvriers, bourgeois et paysans.

Avant la Révolution, il y avait en France des artisans. Après la Révolution, et de plus en plus, il y a eu et il y a en France des ouvriers d’industrie, dont l’ensemble constitue ce terme affreux, couramment employé par les dupeurs du peuple et politiciens de la démocratie : le prolétariat. Les artisans, en se groupant, constituaient les corporations, dont de nombreux travaux d’histoire politique et sociale,