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STUPIDITÉ DE L’ESPRIT POLITIQUE.

de votre pays, ou de votre famille. » Mais ce n’est là qu’un axiome de bon sens, de même que c’en est un autre, du même penseur et guide, de ne jamais faire de vaines menaces, non suivies d’exécution. Louis XVI, qui a ouvert le XIXe siècle, en lui laissant sa tête comme otage, Nicolas II de Russie qui l’a fermé, dans des circonstances presque semblables, ont eu tort de ne pas écouter Machiavel, d’écouter les voix stupides du libéralisme meurtrier. Le maître qui ose être le maître, et parler et agir en maître, épargne au monde des millions de cadavres ; et l’attitude timidement défensive, qui a toujours été celle du libéralisme, n’a jamais produit rien de bon.

Le libéralisme c’est la Réformette, et c’est aussi la genevoiserie de Jean-Jacques, mise à la portée des cœurs de lièvre et des raisons déraisonnantes.

Que nous dit la Raison ? Qu’il faut réagir. C’est la vie et c’est le salut. Mais qu’il faut réagir à fond, et persister dans la voie de la réaction choisie, si l’on veut aboutir à quelque chose. Cela, c’est l’énergie politique, qui complète la détermination politique, et assure infailliblement son succès. Presque tout le long du XIXe siècle (sauf pendant la Restauration) c’est la déraison politique qui a tenu la corde et discrédité la réaction. Pourquoi cela ? Parce que le libéralisme avait empoisonné les hommes d’ordre et mis l’autorité légitime en défiance contre son propre droit.

L’esprit révolutionnaire (rendons-lui cette justice) a senti cela. Il a su remarquablement profiter de la