Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
LE STUPIDE XIXe SIÈCLE.

torité, de la sagesse politique au XIXe siècle, comme il faut les plaindre et les honorer ! Tous ont eu, plus ou moins, le sort de l’héroïque François Suleau, des Actes des Apôtres, déchiré par les tricoteuses, au 10 août, sur la terrasse des Feuillants. Un libéral vous dira : « Aussi, quelle n’était pas l’imprudence de ce Suleau ! Il n’avait qu’à rester chez lui, ou qu’à hurler avec les louves. »

Ce sont les libéraux qui, ce même dix août, conseillèrent au malheureux Louis XVI de ne pas ouvrir le feu sur la canaille, qui envahissait le château, avec l’histoire de France, et allait déchaîner, sur notre beau pays, des torrents de sang et de fange ; chaque fois qu’il y eut une gaffe à persuader ou à accomplir, ils étaient là ; avec leurs mêmes raisonnements insanes et leurs mêmes tempéraments de froussards. Comme livreurs de places fortes et désorganisateurs de garnisons, je vous les recommande. D’ailleurs s’il y a des réactionnaires différents d’intentions et de principes, il n’y a qu’un libéral, toujours le même, stéréotypé, inéducable et incorrigible, attendu qu’il ne sait pas et ne veut pas savoir que le poulet sort de l’œuf, le blé du grain et la catastrophe sociale de la mauvaise organisation politique, de l’acéphalie.

Machiavel a passé au XIXe siècle, et chez les libéraux, pour un homme d’une immoralité effrayante, parce qu’il a dit : « Attention, ne ménagez jamais un ennemi public, ni privé. Si vous le ménagez, lui, le moment venu, l’occasion favorable trouvée, ne vous ménagera pas. Votre générosité ridicule fait le malheur