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STUPIDITÉ DE L’ESPRIT POLITIQUE.

gourmandise avec laquelle, au Parlement, le Centre s’abstient. Gourmandise analogue à celle avec laquelle tout libéral, ou haut fonctionnaire, ou haut président de conseil d’administration, ou président de la République, démissionne dès que les affaires se gâtent et que la responsabilité se dessine. Assumer une responsabilité, c’est accepter une initiative. Le libéral n’accepte jamais une initiative, et le fin du fin consiste, pour lui, à se ranger à l’avis de son contradicteur, en lui disant : « Je vous laisse la responsabilité de mon acceptation,… ou de ma défaite. » En dernier ressort, aux yeux du libéral, c’est le plus violent ou le plus nombreux qui a raison. C’est pourquoi il n’y a lieu de tenir compte ni des restrictions, ni des avis de ce fuyard perpétuel.

Je n’ignore pas en écrivant ceci que le XIXe siècle a statufié un nombre considérable de libéraux, considérés comme éminents. Ces ânes bâtés ont peuplé les Académies, devenues, par l’affadissement des idées et l’affaissement des caractères, le sanctuaire de ces grotesques idoles. Ce sont eux qui ont poussé toutes les portes par lesquelles est entrée la Révolution. Une fois qu’elle eut « occupé » le bureau (comme on dit en style électoral), la grande et suprême habileté des libéraux consista à crier aux révolutionnaires : « Nous sommes plus avancés que vous. — Allons donc, pas possible ! — C’est comme cela. — Nous allons bien voir ; êtes-vous pour l’expulsion des moines ? — Attendez, il faut distinguer les moines qui ne font pas de politique de