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STUPIDITÉ DE L’ESPRIT POLITIQUE.

abouti aux guerres inutiles du premier Empire et à la révolution de 1830 ; son second flot à la révolution de 1848 et à la guerre de 1870-1871 ; son troisième flot à la guerre européenne de 1914. Soit, cinq invasions, en 1792 (le siècle commence en réalité en 1789) en 1814, en 1815, en 1870-1871 et en 1914 (date à laquelle finit en réalité le siècle). Si les choses devaient continuer de ce train-là, un enfant de sept ans, concevant les relations de cause à effet, pourrait annoncer à coup sûr, la fin du pays pour l’an 2014. J’entends, par la fin d’un pays, son passage sans réaction sous une domination étrangère, et le renoncement à son langage. Il y a dix ans, une pareille hypothèse aurait fait hausser les épaules. Il n’en est plus de même aujourd’hui.

L’affaissement politique, au XIXe siècle, quand on regarde les choses de plus près, tient plus encore au libéralisme (qui est la branche femelle de la Réforme) qu’à la Révolution proprement dite, qui en est la branche mâle. Napoléon Ier, Napoléon III, puis Gambetta, puis Ferry, puis Waldeck-Rousseau, marquent la pente de la dégringolade, qui suivit la rupture de la politique monarchique traditionnelle ou mieux, de la politique véritable, de la politique de vie et de durée, cédant à la politique de ruine et de mort. Cette dernière masquée, bien entendu, sous les mots pompeux de liberté, humanité, égalité, fraternité, paix universelle, etc… L’antiphrase est la règle au XIXe siècle, oratoire par excellence, comme tel condamné au retournement