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LE STUPIDE XIXe SIÈCLE.

commandés et inéluctables ; que ses nerfs, ses instincts n’ont pas de frein ni de contrepoids ; et il a fini par le croire. La notion de la résistance morale et intellectuelle, jusqu’au 5 septembre 1914, semblait plus que compromise chez nous. Les sept jours de la victoire de la Marne ont donné un ébranlement en sens contraire, et prouvé, sur tous les points, l’efficacité de cette résistance. Il importe que le bienfait intérieur n’en soit pas perdu.

Ceci posé, nous allons examiner successivement la stupidité foncière et béate du XIXe siècle :

1° Dans son esprit et ses manifestations politiques. Il faut bien commencer par là, car la politique est la grande commande. Les pays vivent et meurent de la politique. Ils s’abaissent par la politique, ils se relèvent par elle. Elle est le lien ou le poison de la cité. On peut dire de l’absence de bonne politique ce que le dicton provençal dit de l’absence de pain au couvert : « La table tombe » ;

2° Dans son esprit et ses manifestations littéraires, notamment en ce qui concerne le romantisme et ses applications à la vie publique ;

3° Dans certaines de ses doctrines philosophiques. Celles-ci aussi ont leur importance, et nous y joindrons, chemin faisant, l’avilissement systématique de l’enseignement à tous ses degrés ;

4° Dans la législation, la famille, les mœurs, les académies et les arts ; c’est-à-dire dans l’existence en société, et en ce qui concerne la disparition progressive d’une société polie ;

5° Dans son esprit scientifique ; notamment en ce