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AVANT-PROPOS EN MANIÈRE D’iNTRODUCTION.

pes, erreurs nationales, erreurs politiques, erreurs morales, qu’on aurait pu redresser, rectifier, ridiculiser, anéantir, sur tel ou tel point, avant qu’elles devinssent meurtrières, de même qu’on peut corriger l’hérédité et qu’on le pourra — j’en ai la certitude — de plus en plus. Ce qu’on appelle la destinée physiologique n’est souvent qu’une mauvaise hygiène. Ce qu’on appelle la destinée psychologique n’est souvent qu’une mauvaise éducation. Ce qu’on appelle la fatalité n’est le plus souvent qu’incurie politique et légèreté, S’il est une leçon que l’âge apporte à celui qui lit et réfléchit, c’est que les possibilités de l’homme, dans le bien, sont infinies ; alors que ses possibilités dans le vice et dans le mal sont assez courtes ; c’est que sa responsabilité est entière et reste entière.

Le jour où vous jugez que cette responsabilité n’est plus entière, la loi et ses sanctions s’écroulent et avec elles la famille, et bientôt l’État. Comme on le voit dans le divorce (chute de la loi divine et humaine du mariage) où la prétendue libération des conjoints aboutit à la servitude et à l’écartèlement de l’enfant. Comme on le voit dans la molle répression des crimes, inculquée aux magistrats débiles par la fausse théorie des impulsions irrésistibles. L’homme qui n’est pas complètement dément peut toujours résister victorieusement à une impulsion ; mais toute la philosophie régnante du XIXe siècle lui enseigne à n’y pas résister. Cette philosophie ne cesse de lui répéter, depuis cent ans, que tous ses actes et son inertie elle-même, sont