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LE STUPIDE XIXe SIÈCLE.

vigoureux, il eût été une imagination universellement forte. C’est l’infatuation de son siècle qui l’a borné et affaibli, quant aux sommets.(religion, politique) de l’esprit humain.

La prétendue émancipation de l’esprit français au XIXe siècle (telle qu’elle s’enseigne encore lisiblement dans nos facultés et nos écoles) est, au contraire, un asservissement aux pires poncifs, matérialistes, ou libéraux, ou révolutionnaires. Et sur ce terrain, comme c’est la politique qui juge les doctrines humaines en dernier ressort, de même que c’est elle qui les met en mouvement, je vous dirai : comparez le traité de Westphalie (1848) à la paix de Versailles (1919). Mesurez, si vous le pouvez, la chute des parties, dites souveraines, de l’intelligence politique française, de la première de ces deux dates à la seconde ; mesurez l’affaissement de la sagesse et le recul psychologique !

Mais, dès le 31 juillet 1914 (où finit, en réalité, le XIXe siècle, dans le charroi de l’artillerie allemande, issue de Kant et de Fichte, autant que de Bismarck et de Moltke) la stupidité politique, qui caractérise ces cent et quelques années, ou minutes, ou secondes, apparaît en éclair, dans une mesure militaire inouïe : le recul initial de 10 kilomètres, imposé aux armées françaises par le gouvernement français, suggéré lui-même par les socialistes français, lesquels étaient influencés par les socialistes allemands, lesquels obéissaient à leur empereur. D’une part, le plan de combat de notre état-major (le premier du monde, comme on l’a vu, et de