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AVANT-PROPOS EN MANIÈRE D’iNTRODUCTION.

J’ai approché, dans ma jeunesse, mais avec des yeux déjà exercés — grâce à l’éducation paternelle — un type complet des meilleures qualités scientifiques de son temps, mais aussi de cette infatuation caractérisée : le professeur Charcot. Il n’était aucune des vingt-deux idoles énumérées plus haut, qu’il n’adorât respectueusement, avec quelques autres, en s’admirant lui-même de les adorer. Ce médecin de haute envergure, et, par certain côté, génial, raisonnait, comme un produit de l’école du soir, des choses de la politique et de la religion. Il croyait que la Révolution française, avait émancipé l’humanité, que les mystères de la religion catholique sont des sottises, bonnes pour les vieilles femmes, que Gambetta avait un cerveau et que la démocratie est un régime normal, sous lequel peut vivre, durer et prospérer un grand pays. Je ris quelquefois, de bon cœur, en me rappelant certains propos tenus par ce savant, auréolé, de son vivant, d’une autorité telle et si tyrannique que personne n’osait le contredire. Par contre, il se déclarait plein de vénération pour le bouddhisme (voir travaux, aujourd’hui bien désuets, d’Eugène Burnouf), lequel semble une confusion sans nom de toutes les vases réunies de la sociologie et de la morale, brassées entre l’Orient et l’Occident au cours des âges, et dont la misère intellectuelle est saisissante. Imaginez un Charcot au XVIe ou au XVIIe siècle. Contenu, bridé, sur les points essentiels, par les disciplines mentales, l’humanisme et l’humilité consécutive et bienfaisante de ces temps