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CONCLUSION.

avec elle le genre humain, veulent éviter le grand naufrage. À plusieurs reprises déjà, au cours de l’histoire moderne, ce naufrage a menacé. Puis il est arrivé un pilote. Le malheur est qu’au commencement du Stupide, celui qui se proposa comme pilote et fut accepté, Napoléon, était lourd des erreurs qu’il prétendait réparer, et dont il augmenta les ravages. Ensuite, des malins affirmèrent qu’il fallait compter avec ces erreurs, faire semblant de les partager, et, sous le masque, les combattre. C’étaient des maladroits, ces malins. Leurs masques, mal attachés, faisaient rire ; et en se ralliant à l’erreur politique, ils lui apportaient un appoint nouveau. D’ailleurs, on se bat plus mal de près que de loin ; on se bat fort mal sous un déguisement ; et l’adversaire, non défini, ni délimité, profite aussitôt de cet avantage. Il y a le sain et le malsain, comme il y a le bien et le mal ; le renanisme comme le libéralisme, n’est qu’une forme de couardise profonde, n’est qu’une loucherie de l’âme effarée.

Au XIXe siècle, qui fut celui du nombre brut, de la quantité, de l’antiqualité, des stupidités révolutionnaire et libérale, et de leurs vingt-deux principes de mort, l’audace fut du côté des destructeurs. Il s’agit de faire que, maintenant, elle soit du côté des reconstructeurs, de ceux-qui détiennent le bon sens et le réveil de la raison agissante. Le terme, injustement bafoué, vilipendé, honni, de Réaction doit être relevé et repris hardiment, si l’on veut donner la chasse à l’erreur sanguinaire, si l’on veut ramener, ici et ailleurs, la vraie paix et les institu-