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CONCLUSION.

Parvenu au bout de cette étude déjà longue (et cependant fort incomplète, car chacun de mes chapitres aurait pu faire aisément un volume), je conclurai par quelques remarques. Elles serviront de réponses aux objections éventuelles.

Première objection : il y a eu, au XIXe siècle, des religieux éminents, des hommes politiques de valeur, d’éloquents défenseurs du bon sens et de la tradition raisonnable, de grands et sages écrivains, et de beaux savants.

Réponse : qui le nierait ? Certainement pas moi. Je fais seulement remarquer qu’à ces valeurs véritables, authentiques, ont été préférées, par le siècle, en général, les valeurs fausses. Nous l’avons vu, chemin faisant : Hugo a été préféré à Mistral ; Taine à Fustel. L’influence d’un Renan a été infiniment supérieure à celle d’un Joseph de Maistre. La publicité, le renom, l’autorité ont été au clinquant, au paradoxal, ou à un certain fade, ont été au séduisant, à l’ingénieux, au contradictoire, non au logique, ni à la force sage, ni au clair parler.

Seconde objection : La révolution a été la conséquence d’abus antérieurs. Elle est la fille du XVIIIe siècle.

Réponse… Et la mère du XIXe. Elle a créé, entre autres dogmes, celui de la nation armée, qui vient de dépeupler la planète et la redépeuplera demain. Elle est le grand fléau. Un fléau dénoncé dès son début. Mais ceux qui le dénonçaient ne furent pas écoutés. L’installation et le développement de ce fléau sont dus aux libéraux plus qu’aux révolution-