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DOGMES ET MAROTTES SCIENTIFIQUES.

sans rapprocher les nations pour cela, intellectuellement ni moralement, est devenu surtout un outil de concentration militaire. La vie pastorale et agricole fait le bonheur et la famille. — O fortunatos !… — la vie industrielle les défait. Le XIXe siècle n’est peut-être pas responsable de son terrible développement industriel, ni de celui du prolétariat y attenant ; mais il est responsable de n’avoir rien tenté pour parer aux souffrances sociales qu’engendre ce développement industriel, et il ne l’a pas fait, parce qu’il était sans conception politique, ou parce que sa conception politique était faussée. De quelque côté que l’on se tourne, quel que soit le domaine scientifique envisagé, théorique ou appliqué, on aboutit aux mêmes constatations.

J’appelle stupide un conducteur de peuple qui, déchaînant des forces redoutables, est incapable de les endiguer, ou de les adapter à l’état de paix. J’appelle stupide un savant qui ne sait pas guider sa science, ni la soumettre à la raison générale. L’exemple de Bonaparte et celui de Charcot sont là pour démontrer que l’on peut, tout ensemble, être génial et stupide.