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LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

tend à introduire dans la législation. Un bon quart de nos contemporains, depuis les travaux de Pasteur et de son institut, vit dans la terreur des bacilles et dans la recherche des moyens de s’en préserver. D’ailleurs, les épidémies, dont on annonçait la disparition, ont continué à sévir comme jadis ; et une des plus mortelles qu’ait connues l’humanité fut celle de grippe dite espagnole — d’aucuns parlaient de peste — au moment de l’armistice de la guerre européenne (novembre 1918). Soit que le caractère véritable de cette épidémie ait été méconnu, soit que les sérums antigrippaux aient cessé d’agir, soit que le microbe ait été mal isolé, soit que cette grippe ne fût pas l’effet d’un microbe. Ce qui est sûr, c’est que les gens mouraient comme des mouches, exactement comme s’il n’y avait pas eu d’Institut Pasteur, et que ceux qui se frappaient, et prenaient le plus de précautions contre le bacille supposé, étaient aussi les premiers et les plus gravement atteints. Car, en dépit des théories héritées du Stupide, il y a un Institut infiniment supérieur à celui de Pasteur, qui est celui de l’Indifférence. On ne compte plus les victimes de la croyance pathétique aux microbes et de l’affaissement physico-moral consécutif à la terreur de ces minimes ennemis du genre humain.

Les sciences biologiques sont jeunes, quelques-unes n’ont pas cinquante ans. Il y en a de mort-nées. Il y en a de balbutiantes. D’autres peuvent être appelées à disparaître, comme reposant sur une