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DOGMES ET MAROTTES SCIENTIFIQUES.

ment nouvelle, soit dans l’affaissement mou et la disparition de l’efficacité des sérums et des interprétations adjacentes, c’est l’ensemble qui plongera d’un coup au barathre. Tel compartiment ne sera pas préservé. L’engouement intellectuel et sentimental se retirera comme il est venu ; et le coup décisif sera peut-être porté par un élève de Pasteur, de même que les localisations cérébrales et l’hystérie ont succombé sous les coups d’élèves de Charcot. Ces retours sont toujours ironiques, comme il arrive dans le revers des affaires humaines.

« Qu’importe (s’écrient les sceptiques, de forme optimiste) ! Pendant le temps de leur vogue et de leur pithiase, tous ces sérums auront en somme fait du bien. » C’est mon avis et je ne dénie pas une certaine beauté à ces illusions successives, qui constituent les relais du « progrès » scientifique ; à condition qu’on reconnaisse les droits de la critique, et qu’on ne proclame point l’intangibilité de ces illusions expérimentales, ni l’omnipotence intellectuelle du siècle où elles ont le plus abondamment fleuri. Le romantisme de la Science a pu rendre des services, que n’ont rendus ni le romantisme littéraire, ni surtout le funeste romantisme politique. Il faut seulement savoir que c’est un romantisme.

Je ne cite ici que pour mémoire, les aberrations, les manies, les phobies et les folies véritables auxquelles a donné lieu, en contre-choc, la microbiologie, ainsi que les pratiques abusives qu’elle