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LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

ment le Discours de la Méthode de Descartes, découvre cette préoccupation derrière ses formules d’aspect bon enfant. Mais l’Introduction à la médecine expérimentale n’est qu’un pathos à côté du Discours de la Méthode ; et ceci, entre parenthèses, marque bien la différence du niveau intellectuel entre le XVIIe siècle, si clair et pénétrant, et le XIXe siècle, si confus et superficiel. Nous avons vu l’erreur de Broca, quant à l’examen de la troisième frontale gauche de Leborgne. Multipliez cette erreur par dix mille et vous aurez le résultat des innombrables expériences, interprétées, depuis soixante ans et davantage, comme des démonstrations de telle ou telle thèse scientifique, dont il a été reconnu ensuite qu’elles ne démontraient rien du tout, ou qu’elles démontraient le contraire. Cela est vrai des simples examens de constatation. Prenons par exemple la recherche des bacilles de Koch dans la tuberculose. Il a été admis, à un moment donné, sous l’influence des théories pastoriennes, que ce bacille était la cause unique de la tuberculose, parce qu’on le trouvait dans les tissus des malades tuberculeux et des animaux tuberculisés. Or on l’a trouvé aussi chez des gens en apparence bien portants et ne présentant aucun signe apparent de tuberculose ; et l’on s’en est tiré en disant qu’ils étaient tuberculeux sans le paraître. Mais qu’est-ce qui prouve que ce bacille n’est pas une conséquence d’un principe humoral qui, en se développant, le ferait foisonner, en même temps qu’il provoquerait la tuberculose ? Ceci n’est qu’un