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DOGMES ET MAROTTES SCIENTIFIQUES.

Je n’ai examiné que les principales marottes scientifiques du Stupide, sans tenir compte des secondaires, vu leur nombre et leur fragilité. Un travail divertissant consisterait à classer, d’après les sujets, les comptes rendus réunis de l’Académie des Sciences, et de l’Académie de Médecine, et à voir par quelles alternatives ont passé les cotes et taux de crédibilité des communications de tous genres. La mode joue, dans les conceptions des savants, un rôle aussi important et variable que dans la toilette des femmes, aiguillant tous les esprits dans la même direction et vers les mêmes hypothèses, puis dans une direction et vers une hypothèse totalement contraires. Ces compagnies donnent l’impression de troupeaux de moutons, changeant de parc avec une prodigieuse docilité. Ceci prouve la faiblesse en commun des personnalités écoutantes, réfléchissantes et discutantes.

Cependant (m’objecterez-vous) il y a l’expérience, la méthode expérimentale, qui donne des résultats positifs. Passe pour les hypothèses, induites d’après des faits constatés. Mais ces faits eux-mêmes ne varient point. L’expérience de laboratoire entraîne la certitude.

En effet, j’ai lu cela dans Claude Bernard, Paul Bert et leur séquelle. Il n’y a qu’un malheur. C’est que l’expérience s’appelle aussi interprétation, et que le risque de l’interprétation augmente, bien entendu, à mesure que l’on passe de l’inanimé à l’animé et des formes plus simples de l’animé aux formes plus complexes. Quiconque lit attentive-