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DOGMES ET MAROTTES SCIENTIFIQUES.

fait, l’action incontestable du moral persuadant sur le physique.

Nous avons tous connu des rebouteux, qui traitaient, avec un extraordinaire succès, dans les campagnes, des entorses, des névralgies, des ulcères rebelles. Les cures du zouave Jacob sont demeurées célèbres. Il n’est personne qui ne puisse citer quelque exemple d’une affection, réputée incurable, et qui a cédé à tel traitement d’un empirique renommé, ou même contesté. Lorsque j’envisage la courbe ascendante, puis stationnaire, puis descendante, des traitements pastoriens, je me dis que ce grand Pasteur était le mélange d’une imagination exceptionnellement robuste et d’une aimantation personnelle infinie. Cette aimantation impressionnait favorablement les savants et les simples. Elle s’est propagée, intacte, pendant quelque temps, une vingtaine d’années environ, après la mort du maître, grâce à la foi communicative des disciples, grâce à leurs travaux bactériologiques, à leurs efforts méritoires, à leurs recherches, aux résultats obtenus. Puis il en est advenu, de ces vaccins et sérums si ingénieux, comme des théories auxquelles ils s’appuyaient et qui commencent à chanceler par la base. Ils ont agi moins, en attendant de ne plus agir du tout. Seulement, il faut compter avec la période du doit-on-le-dire, et aussi avec les mouvements récalcitrants, qui se produisent toujours autour d’un dogme scientifique en régression ; car il est naturel que les zélateurs, les héritiers, les bénéficiaires de la décroissante pensée-aimant du patron