Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
281
DOGMES ET MAROTTES SCIENTIFIQUES.

sante ne soient proches du bout de leur rouleau. On dit aujourd’hui, pour expliquer l’insuffisance d’antiseptiques jadis réputés, que le microbe s’est habitué à eux. Ne serait-ce pas plutôt que le temps les a désaimantés du fluide pastorien, du fluide pithiatique, qui agissait en eux ?

Je ne me dissimule pas ce que ces remarques, que j’estime justes, ont de pénible pour les savants convaincus de la pérennité, de la continuité des doctrines qui ont bercé leur jeunesse, et à l’abri desquelles ils ont passé leurs examens et vécu en réfléchissant,… ou sans réfléchir. Leur tort a été de croire, avec leur temps, que la Science et l’homme faisaient deux, que la Science était une sorte de mine à plusieurs compartiments, d’où l’homme laborieux extrayait, une fois pour toutes, des quartiers de sagesse, du minerai de vérité. Mais non ! Une grande partie de la science vient de l’homme et participe à la brièveté et à la faillibilité humaines. L’homme agit beaucoup plus qu’il ne le croit, et qu’il ne le voudrait, sur ces enfants de son esprit et de la nature, qu’il appelle les lois de la science.

Pendant une grande partie du moyen âge, une valeur thérapeutique fut attribuée aux pierres précieuses. On employait, contre la fièvre, la turquoise et le lapis. Le béryl était utilisé dans les affections hépatiques. L’hyacinthe guérissait l’insomnie ; la topaze la folie furieuse. Les colliers de perles étaient infiniment répandus. Tout le long du XVIe siècle, et jusque sous Louis XIV, l’or et le bouillon d’or tin-