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DOGMES ET MAROTTES SCIENTIFIQUES.

murer, dans les parages mêmes de l’Institut Pasteur, que presque tous les sérums agissent à peu près de la même façon, qu’introduits dans l’organisme par la bouche, au lieu de la voie sous-cutanée ou intraveineuse, ils produisent exactement les mêmes effets. D’autres déclarent hautement, qu’à l’origine des grandes diathèses il y a certainement autre chose que les infiniment petits, que la minimoflore et la minimofaune, que l’étiologie uniquement bacillaire ou bactérienne est une vue de l’esprit trop simpliste, que Peter (l’adversaire acharné de Pasteur) n’avait pas si tort que ça. Des cas, assez nombreux, de rage après traitement auraient été notés… d’aucuns disent de plus en plus nombreux. Une tendance générale commence à se dessiner, qui attribue aux altérations chimiques et clasiques du sang (dont l’importance était devenue secondaire) un rôle pathologique retiré d’autant aux microbes. Bref, nous avons là tous les signes avant-coureurs d’un vaste déménagement, et le piano, cette fois, est déjà dans l’antichambre, s’il n’est pas encore dans l’escalier.

Comment cela s’explique-t-il ? Par le pithiatisme.

Nous pouvons nous faire une exacte idée de Pasteur par la plutarquienne biographie que lui a consacrée pieusement M. Vallery-Radot. C’était un homme simple, concentré, assez timide, chaste, d’une imagination certainement formidable et qui ne la dispersait ni en ordres et contre-ordres comme Bonaparte, ni en vocables et métaphores comme Victor Hugo. Une tension extraordinaire et précise