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LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

homme, de la vérité absolue de ses doctrines, nous touchons, au contraire, un cas de pithiase imaginative d’aspect rationnel. Il y avait certes un substratum, réel et génial, dans le magnifique roman scientifique, échafaudé par l’esprit de Pasteur et embaumé dans son Institut. Mais la gloire pastorienne agissant moins, vingt-sept ans après la mort du maître (nous avons vu que la durée moyenne d’une théorie scientifique, dans l’ordre biologique, est d’environ trente ans), les méthodes antiseptiques et aseptiques, le virus, les sérums eux aussi, commencent à donner des résultats moins satisfaisants, des signes de grande sénilité. Les croyants disent : « C’est parce qu’ils sont préparés avec moins de soin qu’autrefois. Les plats sont devenus moins savoureux parce que la cuisinière est moins bonne. » Je ne le pense pas. M. Roux passe, à bon droit, pour un savant considérable et d’une conscience à toute épreuve. Je n’en dirai pas autant de feu Metschnikoff, inventeur de l’ingénieuse phagocytose (laquelle tient encore à peu près comme explication commode de la purulence), mais primaire exalté et dont les écrits « philosophiques » sont burlesques. Il m’apparaît plutôt que le soleil pastorien se refroidit, que la foi dans les microbes, et dans la cuisine antimicrobienne est moins vive, et, conséquemment, que les remèdes issus de cette foi et porteurs de cette foi, deviennent moins efficaces. Les sérums, comme les vins trop vieux, radotent.

Certains sceptiques (qui n’auraient pas osé parler ainsi il y a seulement dix ans) commencent à mur-