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LE STUPIDE XIXe SIÈCLE.

rons, ultérieurement, d’abord la timidité de l’esprit scientifique (dérivation lui-même de l’esprit et de l’imagination poétiques) au XIXe siècle, la fragilité d’une partie de sa science, aussi éphémère en ses hypothèses, que ces insectes qui éclosent et meurent tout ensemble à la surface des étangs, et la nocivité de l’autre. Il ne s’agit nullement ici de proclamer la faillite, ou la banqueroute de la science, comme le fit ce fol de Brunetière, dans ses inconsistants travaux de hérissé dogmatique, contradictoire et bien pensant. Il ne s’agit pas non plus de bouder les quelques avantages stables et positifs, qui sont sortis de l’effervescence scientifique entre 1860 et 1914. Mais il s’agit de voir l’envers de la médaille et le retournement du laboratoire et de l’usine (sous l’influence de l’insanité politique) contre cette humanité qu’ils étaient censés avoir portée, l’un et l’autre, au plus haut point de perfection.

Car la science vraie (qui dépasse le laboratoire et l’usine), ne date pas d’hier, et c’est ce dont les nains et rabougris de l’esprit, qui encombrent les avenues et passages du XIXe siècle, n’ont pas l’air de se douter.

Le calcul, le haut calcul, et les lois astronomiques qu’il exprime, étaient connus des Égyptiens, dont les monuments présument aussi d’extraordinaires connaissances mécaniques. Mais qui dit connaissances mécaniques dit connaissances physiques et biologiques. L’embaumement des corps en est la preuve. Aussitôt que l’esprit humain s’ébranle dans le sens de la conception du mouvement et des