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DOGMES ET MAROTTES SCIENTIFIQUES.

on le répète) le siège exclusif de la pensée. Il y a toute raison d’admettre que la pensée est diffuse à travers l’organisme, qu’elle commande. Le cerveau n’est qu’un grand central de communication, allant à tous les points de l’organisme, et en venant, qu’un laboratoire de transformation des hérédismes par l’instinct génésique. Il est quelque chose comme un ganglion, plus volumineux et plus compliqué.

Il est inadmissible que telle partie du cerveau soit le siège de telle faculté, comme le langage, ou d’une partie de telle faculté. Expression d’une partie de la pensée, le langage est diffus, comme elle à travers l’organisme. »

En d’autres termes, le terrible coup de pioche, porté par Pierre Marie dans l’édifice vermoulu du matérialisme médical du XIXe siècle, est le premier. Il ne sera pas le dernier.

La chute définitive de la localisation cérébrale du langage articulé fait tomber avec elle toutes les théories adjacentes, c’est-à-dire toute la psychologie, prétendue physiologique, des soixante dernières années. La philosophie matérialiste, dont l’axiome un était le support de la pensée humaine et du langage par des régions déterminées de l’encéphale, va rejoindre au néant la vaine philosophie spiritualiste, de sens contraire, de Cousin et de Jouffroy, à laquelle elle faisait vis-à-vis. Chaque jour on a pu constater, pendant la guerre, des blessures de la troisième frontale gauche, non accompagnées