Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/276

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
270
LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

le sciage du pivot central de l’erreur, de l’arbre de couche du néo-matérialisme :

« Il faut absolument nous dégager des anciennes conceptions qui tendaient à admettre, pour certains processus psychiques, notamment pour ceux du langage, des centres aussi étroits que pour les fonctions motrices. On sait que pour ces dernières, le point de départ semble bien être dans certains groupes cellulaires, d’où naissent des fibres de projection, qui transmettront, directement ou indirectement, aux organes moteurs périphériques, les excitations et les injonctions nécessaires. Pour les processus psychiques, il en est tout autrement : ceux-ci prendraient naissance par une sorte de vibration des éléments nerveux, et ces vibrations se propageraient par une série de réactions élaboratrices, à un très grand nombre de cellules qui seraient ainsi mises en action par l’excitation initiale, volontaire ou réflexe. Ce serait notamment une erreur de penser, comme on l’a fait autrefois, que telle ou telle cellule ou tel ou tel groupe cellulaire constitue un centre pour une des parties du discours : substantifs, adjectifs, verbes, etc., ou même pour la syntaxe qui régit l’emploi de ces différentes parties. »

Ces lignes rejoignent celles que j’écrivais, en 1916, dans l’Hérédo :

« Il n’est pas vrai que l’organisme dispose de l’esprit. C’est l’esprit qui domine l’organisme et peut, à l’occasion, le transformer. Il n’y a aucune espèce de raison pour que le cerveau soit (comme