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DOGMES ET MAROTTES SCIENTIFIQUES.

espérons avoir exposée dans ces quelques pages, la théorie de la descendance simiesque de l’homme aboutit, en trente années et moins, à la multiplication des crimes d’enfants, de même que la théorie de la fatalité héréditaire peuple les asiles d’aliénés et les peuplera demain (s’il n’est vigoureusement réagi) de jeunes aliénés. L’oiseau qui salit son nid est un sale oiseau, dit le proverbe. L’homme qui salit l’humain est un sale individu. Le siècle qui salit le siècle est un sale temps.

Immédiatement après l’Évolution, la « loi » du progrès et de la fatalité héréditaire, quel est le faux dogme qui s’avance ? Celui des localisations cérébrales et notamment de la localisation du langage articulé au pied de la troisième frontale gauche. C’était la suite de la théorie « phrénologique » et matérialiste de Gall sur les protubérances et bosses crâniennes. Ici, fermant les yeux, je me porte à trente-cinq ans en arrière, à l’époque où je commençais mes études de médecine, dans l’enivrement du début. La pseudo-découverte de Broca, reprise par Charcot, étendue à une analyse (que l’on croyait complète) du langage articulé, tenait le monde scientifique. Charcot l’avait « philosophée » dans le schéma fameux de la Cloche (que l’on trouve dans ses leçons sur le système nerveux) et agrandie par la reconnaissance d’autres centres, tout aussi illusoires, correspondant à l’écriture, au mot vu, au mot entendu, au mot articulé, etc… Or, Broca et Charcot participaient du matérialisme anticlérical de leur génération, la plus médiocre, sans