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LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

est sortie, sanglante, de la bergerie vicieuse de Jean-Jacques.

Le but de ce livre n’est point de démolir, pièce par pièce, cet échafaudage évolutionniste, à l’intérieur duquel il n’y avait que la plus vieille constatation de la philosophie grecque sur l’écoulement universel. Je renvoie, pour le détail, mon lecteur aux ouvrages spéciaux qui, chaque année, chaque mois, chaque semaine, viennent porter la hache dans les décombres du darwinisme et de ses applications… Il en est de même pour l’acceptation de la fatalité héréditaire et la méconnaissance du Soi personnel, et non congénital ni transmissible, qui ont pesé d’un poids si lourd sur la génération d’avant-guerre. Nous sommes en plein déménagement, et le piano est dans l’escalier, je veux dire la musique et les chœurs d’Évolution-progrès, dont on nous rabattait les oreilles. En retard d’environ dix ans sur la pensée générale, la presse à grand tirage ignore encore ce bouleversement, si gros de conséquences pour notre pays. C’est que la presse à grand tirage (que je connais bien, faisant moi-même, depuis quatorze ans, le dur métier de directeur de journal, aux côtés de Maurras) est devenue un appareil d’étouffement, bien plutôt qu’un appareil de divulgation.

La diminution de l’humain, théorique et pratique, est source de démoralisation. On s’aperçoit ici encore, bien que d’une façon détournée, que l’intellectuel commande le sensible. Par une voie qui n’a rien de mystérieux aujourd’hui, et que nous