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DOGMES ET MAROTTES SCIENTIFIQUES.

coup, le sentiment de la responsabilité. Elle a créé l’esthétique basse et bornée de l’instinct. Elle a fait croire qu’il était beau de ravaler la dignité humaine. Cela s’est passé dans une zone obscure, entre la littérature vulgaire et la science vulgarisée.

C’est ainsi que la conjonction de ces deux erreurs, le transformisme et son appendice, la descendance simiesque de l’homme (flanquée de la lutte pour la vie et de la sélection sexuelle), puis la fatalité héréditaire insurmontable par la volonté, ont abouti, dans le dernier tiers du Stupide, à diminuer l’Homme, la spécificité humaine, sur tous les plans. Aux regards du haut enseignement, comme de la philosophie, comme des sciences, l’Homme était devenu un animal comme un autre, le dernier arrivé dans la série, le plus élevé, sans doute, mais chez qui un acquit appréciable dans l’intelligence se trouvait compensé par une perte fondamentale dans l’instinct. De même que les États, et les hommes qui, se disent pacifistes, aboutissent à déchaîner les tueries énormes qu’ils prétendent conjurer, de même l’affirmation solennelle des Droits de l’Homme et de la liberté politique et sociale a abouti, après moins d’un siècle (c’est-à-dire de quelques gouttes de l’impondérable durée), au rabaissement et ravalement de la dignité humaine et à l’exaltation de l’instinct animal. La stupidité ne consiste-t-elle point à aller donner précisément dans les écueils que l’on prétendait éviter ? C’est par une telle voie contrariée que la Terreur