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LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

« Celui qui n’évolue pas est un fossile… Il faut évoluer… On me reproche d’avoir changé, messieurs, pas du tout, j’ai évolué, je me suis adapté… L’évolution nous apprend que le passé ne ressuscite jamais… La loi du progrès exige de nous que… Le mouvement qui emporte le monde vers l’évolution démocratique… Cette guerre du Droit et du Progrès, où les démocraties ont vaincu… Celui qui ne marche pas avec le progrès est un cadavre ambulant… En avant donc, messieurs, au delà des tombeaux, vers le ce progrès indéfini… La grande loi de la nature, telle que nous l’enseignèrent Lamarck et Darwin, le transformisme, est aussi la loi du progrès. » N’entendez-vous pas tous ces perroquets, dans leurs chaires, à leurs tribunes, sur les tréteaux de la foire et du théâtre, répéter ces bourdes, en agitant leurs ailes, et faisant tinter les chaînes de leurs perchoirs !

Depuis qu’il y a des hommes, et qui raisonnent, le changement est apparu comme une des conditions de la vie en général et de la vie humaine en particulier. Mais pourquoi ce changement serait-il uniformément progressif et bon ? Pourquoi serait-il toujours souhaitable ? Une des caractéristiques de la nature humaine, c’est son effort de stabilisation et de résistance à l’écroulement perpétuel de la nature tout court. Du point de vue du sens commun (qui est celui que le XIXe siècle a toujours le plus dédaigné et rabaissé) il est bien clair que, si l’homme descendait d’une espèce aussi répandue que le singe, des témoignages, des spécimens du passage