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DOGMES ET MAROTTES SCIENTIFIQUES.

amena à négliger ces descriptions, exactes et savantes, qui avaient été la gloire de l’école du Jardin des Plantes, des Cuvier, des Geoffroy Saint-Hilaire, des Quatrefages. Le dessin zoologique, botanique perdit son trait et fut remplacé par le badigeon. Les outrecuidantes généralités sont mères de sottes inductions. Elles foisonnent dans les thèses d’histoire naturelle, qui se succèdent jusqu’en 1914, et où se remarque la préoccupation d’introduire le doute, légitime et nécessaire dans la doctrine officielle du transformisme, sans cependant ruiner celle-ci définitivement. Car le premier Empire a caporalisé les Facultés et les Sciences et gravement amoindri, sinon tué, le goût des recherches originales, hors des sentiers battus.

Des sciences nouvelles surgissent, il est vrai ; l’histologie (application du microscope aux tissus normaux et pathologiques), l’embryologie, la paléontologie, etc… cela doit être porté à la colonne des profits du XIXe siècle, qui ne saurait évidemment se composer que de pertes. Mais, au lieu que ces sciences naissantes orientent et corrigent les généralisations hâtives, ce sont celles-ci, qui, dès le berceau, les encombrent et les faussent dans leurs résultats. Des chercheurs comme Ranvier, Mathias Duval, Déjerine, par exemple (je ne parle que de ceux que j’ai connus) se sont vus embringués, retardés, mis sous le boisseau, parce qu’ils n’acceptaient pas les yeux fermés, les bourdes pseudophilosophiques qu’on jetait, comme des housses, comme des passe-partout grisâtres, sur leurs essais