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LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

Dans le domaine de la vie intérieure (si négligé depuis l’effacement de la philosophie scolastique et son remplacement par la pseudo-métaphysique de la Réforme) le dogme de l’évolution et du transformisme, avant d’aboutir aux insanités de la psychanalyse, n’a donné lieu qu’à des pauvretés. Le XIXe siècle a vécu sur le « tarte à la crème » de l’association des idées qui, lui aussi, explique tout par la série longitudinale et en faisant de la pensée une sorte de taenia, de direction uniforme, où l’anneau succède à l’anneau. L’introspection, complètement délaissée (alors qu’elle est l’unique instrument de l’examen psychologique) fut abandonnée aux moralistes et aux romanciers ; cependant que les cliniciens étudiaient grosso modo, en compagnie des aliénistes, les altérations d’une imagination dont on n’examinait point le fonctionnement normal. Il fut admis que, de la naissance à l’âge adulte, l’esprit de l’homme évoluait en progressant et progressait en évoluant, que le jeune enfant était une sorte de demi-fou, ce qui est exactement le contraire de la réalité, et que la chute du désir coïncidait avec le dépérissement de l’intelligence. L’époque 1860-1900, qui se prétendit observatrice et expérimentale, fut ainsi, au point de vue psychique, celle où l’on observa le moins et où l’expérience intérieure fut la plus misérable. Ce fut une des conséquences du matérialisme à la mode, épicurien comme à la Faculté de Médecine, ou stoïcien, comme chez Jules Soury.

En biologie enfin, la confusion transformiste