Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
AVANT-PROPOS EN MANIÈRE D’iNTRODUCTION.

demeure obscure, comme celle des grandes conflagrations, invasions ou tueries où elles atterrissent et qui en paraissent les chocs en retour.

Le moyen âge français est dominé, quant à l’esprit, par l’incomparable scolastique — dont nous commençons à peine à retrouver les linéaments — et par saint Thomas d’Aquin ; quant à la pierre, par les cathédrales ; quant au mouvement, par les Croisades, dont l’aboutissement est Jeanne d’Arc. Car la vierge héroïque est issue de cet immense frisson fidèle.

Puis vient la Renaissance, personnifiée chez nous par ces trois noms : François Ier (avec sa prodigieuse couronne d’artistes, de poètes, d’érudits), Rabelais, Montaigne et ce qui s’ensuivit. Si cette époque nous est mieux connue que le moyen âge, elle est loin cependant de nous avoir livré ses secrets et sa filiation. Car la révélation d’Aristote par saint Thomas n’est-elle pas l’origine de la Renaissance ?

Maintenant voici la Réforme, avec Luther, Calvin, l’assombrissement de l’esprit européen par la négation du miracle, finalement la déification de l’instinct et de la convoitise brute. De la Réforme sortent Rousseau à Genève et Kant à Koenigsberg. Ce dernier ébranle la raison occidentale par cette exhaustion de la réalité qui s’appelle le criticisme transcendantal, et en niant l’adéquation de la chose à l’esprit, du monde extérieur au monde intérieur.

À la Réforme succède la Révolution française, directement inspirée de Rousseau, puis de l’Ency-