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DOGMES ET MAROTTES SCIENTIFIQUES.

destruction expérimentale et rationnelle du darwinisme, si, sur ses débris, s’instaure le sexualisme universel ?

Commencé dans les sciences biologiques, où le darwinisme avait son réduit, le mouvement de reflux s’est propagé avec rapidité à tous les autres domaines, notamment à celui de la psychologie dite expérimentale, où l’on parlait déjà de peser la pensée et de mesurer les émotions ! Car l’Évolution, c’est-à-dire le cheminement, de la matière vers l’esprit et des minéraux vers les végétaux, puis vers les animaux, puis vers l’homme apparaissait, comme un truisme, aux environs de 1890-1900. Il paraissait légitime d’assimiler l’esprit à une espèce de phosphorescence, justiciable de la balance et des réactifs. À partir de là on pouvait s’établir psychologue, comme on s’établit pharmacien ; et nous avons connu, et il existe peut-être encore, à la Sorbonne même, des laboratoires de psychologie ! Leur ridicule est devenu patent, ce qui est déjà quelque chose. À son tour, l’économie politique a renoncé à la doctrine de l’Évolution, qui n’avait amené dans ses constatations que d’extraordinaires sophismes. Par contre, dans certains milieux politiques, notamment révolutionnaires, le transformisme est demeuré un dogme, ce qui n’a rien d’extraordinaire, étant donné l’ignorance des centres dits intellectuels où se recrutent les docteurs selon Karl Marx, Bakounine et Stirner. Ces pauvres gens (je veux dire les démocrates révolutionnaires), se croyant des esprits très avancés, se réclament ainsi d’une thèse désuète,