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LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

on constate encore la trace en biologie, à côté de l’Évolution et de l’Involution. De sorte que nous entrevoyons des superlois, derrière une infinité de lois, parmi lesquelles l’évolution n’est qu’une étoile de faible grandeur, au milieu de cette voie lactée. Or, encore une fois, ce ciron a empli et occupé soixante années et masqué l’univers à une foule de chercheurs. Si ce n’est là de la stupidité, qu’est-ce qu’il vous faut !

Chose étrange, j’ai pu me convaincre souvent, en interrogeant des savants connus, et en pleine vogue de l’évolutionnisme, qu’ils n’avaient pas en lui une confiance illimitée. Mais ils n’osaient en convenir publiquement, retenus qu’ils étaient par le fétichisme ambiant et la crainte de nuire à leur carrière. Puis il est arrivé ce qui devait arriver : l’évolutionnisme de Darwin et la sélection sexuelle ont amené les doctrinaires du transformisme à n’admettre plus, comme levier biologique, que l’impulsion sexuelle. Les étonnantes absurdités de Freud, dont la vogue est déjà commencée en France, à l’époque où j’écris, sont ainsi la dérivation naturelle, et comme la pourriture, des explications transformistes appliquées à l’espèce humaine. Nul ne conteste l’importance considérable des phénomènes sexuels dans l’espèce humaine et dans l’individu. Mais soumettre la personne humaine à l’exclusive tyrannie de l’instinct génésique, alors que sa raison lutte sans trêve contre cet instinct, est une erreur à tous points de vue déplorable et qui rejoint le décevant fatalisme d’avant 1914. À quoi aura servi la