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DOGMES ET MAROTTES SCIENTIFIQUES.

recherche, une idée préconçue quelconque, dans laquelle on essaye de faire entrer la réalité, quitte à modifier cette idée, si elle ne cadre pas avec ce réel. Les procédés préconisés par Descartes, dans le Discours de la Méthode, bien qu’ils ne soient pas le dernier mot de l’ingéniosité mentale, paraissent néanmoins plus sûrs. Mais, à leur tour, le transformisme et le darwinisme n’auraient pas trouvé semblable audition à une époque de culture profonde, à une époque d’élites constituées, non désorbitées par les révolutions politiques. Il y aurait eu d’autres résistances. D’autres, avant Quinton, eussent fait valoir, en face de l’impulsion évolutive, d’autres forces biologiques, comme celles de constance, de permanence et de fixité. Le simple bon sens l’indique ; car l’univers, sans elles, ne serait qu’un perpétuel et inconcevable éboulement d’atomes et de poussières.

Mais il y a encore l’Involution (ce grand ressort des phénomènes embryologiques) qui, prenant en quelque sorte le contrepied de l’Évolution, et prélevant de l’immuable sur le mobile, agit à travers les espèces. Un équilibre supérieur, commun à la nature inanimée et à la nature animée, met ainsi en opposition le transitoire et le durable, le torrent et son lit, les états et les formes, et la substance innommée qui traverse ces états et ces formes. Lorsque cet équilibre est rompu (par une de ces causes insolites et ignorées, qui sont aux causes connues de nous ce que les étoiles filantes sont aux astres fixes), il tend à se rétablir par une série d’oscillations, dont