Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/242

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
236
LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

ainsi de suite. Le transformisme, qui a régné pendant soixante ans dans les sciences biologiques, n’est ainsi qu’un aspect local, le plus humble de tous, du problème de la vie et qu’une réponse à la question par la question.

On nous objecte qu’il a eu son utilité, que ce n’est qu’un semblant de clé, mais qu’il a entr’ouvert, minimement il est vrai, la porte et suscité, en tout cas, l’esprit de recherche. Nous pensons, nous, qu’il a embrouillé la serrure. Les savants, imbus de l’évolutionnisme, ont un mal terrible à s’en débarrasser, et deviennent pareils à des enfants, qui ne peuvent marcher sans leur petit chariot. Arrêtés, à chaque instant, par le désaccord d’une doctrine périmée et des faits, ils demeurent en place, entêtés et chancelants, cherchant une compromission impossible. On ne peut pas dire que le transformisme ait fait avancer d’un pas la conception de la vie. Il l’a rapetissée à la mesure de ce jeu « le puzzle », où l’on cherche à reformer des figures, en ajustant les rentrants et sortants préétablis de découpages artificiels, et diversement colorés, de planchettes de bois. Haeckel est la boule du jardin, déformante et caricaturale, où se reflètent les erreurs et tares originelles du transformisme et du darwinisme. On peut dire de ceux-ci qu’ils sont, sur le plan raisonnable de l’imagination, des systèmes primaires, et correspondant précisément à cet affaissement des élites, que nous avons signalé comme un attribut du XIXe siècle. Claude Bernard en a trahi le mécanisme mental, quand il a préconisé, comme moyen de