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LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

tifiques, de communications académiques. Les quinze dernières années du XIXe siècle, et les dix premières du XXe, appartiennent, sans conteste, à la gloire de Pasteur et de ses élèves, imités et copiés dans le monde entier. La bactériologie et la sérothérapie devinrent deux véritables religions.

Il n’entre nullement dans ma pensée de diminuer ici le talent ou le génie d’un Claude Bernard, d’un Darwin, d’un Charcot, d’un Pasteur. Ce sont de très grands savants, qui ont imaginé, pour la constatation des phénomènes botaniques, zoologiques, physiologiques, cliniques, pathologiques, des lois ou cadres, très ingénieux et commodes, très simples aussi et même des théories curieuses d’une séduction rudimentaire, mais puissante. Leur vogue a été parfaitement justifiée. Seulement, l’erreur a été de croire que les solutions, apportées par eux aux problèmes qu’ils poursuivaient, étaient définitives et ne varietur, qu’ils travaillaient dans l’absolu. La science est en effet, du haut en bas, le domaine du relatif, d’un relatif infiniment plus éphémère que le relatif littéraire, ou artistique, ou philosophique. Le laboratoire n’est pas une chapelle. C’est un atelier de points de vue. Certains de ces points de vue sont des relais, qui permettent de passer à des spéculations latérales différentes, ou plus complexes. D’autres sont des culs-de-sac, impasses, des attrappe-nigauds. Œuvre de l’homme, la Science participe de l’homme, de ses entêtements, de ses aveuglements, de son orgueil, de ses limites, qui ne sont pas sans cesse reculées,