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DOGMES ET MAROTTES SCIENTIFIQUES.

expérience propre : Quand je faisais, de 1885 à 1892, mes études de médecine, il y avait un premier dogme scientifique, qui était celui de l’Évolution. On en mettait partout. L’Évolution était la tarte à la crème de la biologie, de la psychologie, de la philosophie, de la médecine. Il existait plusieurs bibliothèques évolutionnistes, dont lune dirigée par un anticlérical convaincu. Au dogme de l’Évolution était lié celui du progrès et de la science toujours bienfaisante, pacifique, et préposée à la félicité humaine. Ensuite, par ordre de grandeur, venait le dogme des localisations cérébrales (notamment de celle du langage) dont on a pu dire qu’il faisait partie de l’idéologie républicaine. Puis, s’avançait, en grande pompe, comme dans les féeries du Châtelet, le dogme de la grande hystérie, avec ses phases I, II, III de la léthargie, de la catalepsie et de la suggestion hypnotique et somnambulique. L’année 1892, et celle qui suivit, marquèrent le triomphe des doctrines pastoriennes sur l’origine microbienne des maladies, accompagnées d’une nuée de sérums et vaccinations. Causés par des infiniment petits que dégageaient et isolaient la technique de laboratoire et le microscope, la plupart des maux humains allaient disparaître, à la suite d’injections, dans l’organisme, de préparations appropriées, empruntées au sérum du sang animal, similia similibus. De là naquit la doctrine des anticorps. Je n’indique ici que les grandes lignes de ces découvertes, dont chacune donna lieu à un monceau de thèses, de notes, de gloses, de polémiques scien-